Il me déplait de mourir mais je suis content

Eux, ils voulaient pas qu'on dise: "c'est un spectacle".

On n’a pas su quoi dire alors on s'est gratté la tête et on a mis nos sacs dessus.

C'est Roberto dit Cranajour qui nous a sortis de cette situation difficile.

Il nous a dit que son arrière grand-père, Roberto dit Cranajour de son vivant, marin de son métier,

disait toujours: "Mon p'ti Roberto, dans la vie, en cas de tempête, chante nom de dieu chante".

Alors Ginette nous a servi des grapillons et on a chanté "Mi dispiace di morir ma sono contento".

Autrement dit

Tout pourrait commencer par une histoire, mais il n'y en a pas.

Il y a des marionnettes qui aiment se poser des questions comme on part à l'aventure.

Il y a 17 marionnettes et leurs 2 manipulateurs qui cheminent ensemble et colportent leurs rencontres, leurs expériences de la vie et du monde et de celui qu'ils se construisent.

Il y a 17 marionnettes et leurs 2 manipulateurs, quelques autres mondes possibles , celui d'en dessous, celui de Ginette.

On leur a dit:

"Oui, c'est une idée romantique, le héros masqué, l'action dans l'ombre, l'autre monde..."

Ils ont dit:

"Et alors ?"

On leur a dit:

"D'accord."

On a cherché les scènes, on a écrit les textes. On a pensé à l'autre monde, on s'est dit: "oui".

"portons-le, on verra."

On a pensé au monde, aux systèmes humains à grande échelle, ça nous a pas fait rire, alors on est tous montés dans un camion et on est partis chercher ceux qui luttent pour le droit d'être petit, on est partis grossir les rangs du monde des petits et on s'est dit que ça allait pas être facile.

Mais on est content.

À propos...

Est-ce que ça meurt, une marionnette ? Il y en a qui disparaissent, qui partent comme ça, sans prévenir, et laissent les marionnettistes seuls, désemparés, face au public. La tête dans le sac est une compagnie de marionnettes. Deux marionnettistes au service de ces petits sans ADN, sans papiers, incontrôlables. Et les petits nous emmènent d’histoire en histoire, de valise en valise, de castelet en castelet, de dessus en dessous, pendant une heure de manipulations inventives, loufoques, dynamiques. L’espace du spectacle se démultiplie, on est parfois devant, derrière, à côté du castelet qui finit par être escamoté pour faire surgir l’espace du dessous, celui qu’on attend depuis le début, chez Ginette. Des rires, une complicité avec le public, une belle tonicité et cet air entêtant :


« Mi dispiace di morir, ma sono contento »

Marc Verhaverbeke